Vous avez peut-être déjà entendu parler des cryptoparties, également appelées chiffrofêtes ou cafés vie privée dans notre contrée. Le principe ? Un temps d’échange et de sensibilisation autour de la problématique des données personnelles et de la protection de la vie privée en ligne. Le 18 juin dernier, la bibliothèque Louise Michel nous a accueillis pour un café vie privée animé par Genma.
Pas besoin d’être des geeks pour se sentir concernés ! En tant que professionnels de l’information, nous avons le devoir d’être bien informés sur ces questions pour conseiller et renseigner nos usagers. La bibliothèque Louise Michel avait également eu la bonne idée de convier ses usagers à participer à la rencontre et nous avons eu le plaisir d’échanger tous ensemble sur ces questions.
La rencontre s’est déroulée en deux temps. Genma a commencé par nous faire un peu peur en nous révélant l’ampleur des traces qu’on laisse lorsqu’on navigue sur le web, que ce soit sur notre ordinateur (historique de navigation, données saisies, cookies…) ou sur Internet (adresse IP, heure et date de connexion, etc.) Genma nous a présenté l’extension Lightbeam pour Firefox qui permet de visualiser les sites tiers avec lesquels on communique sans le savoir. Les géants de l’Internet qu’on nomme les « GAFA » (pour Google, Amazon, Facebook, Apple) ont les moyens de nous connaitre en reconstruisant des profils qui peuvent être très détaillés. Ce pistage peut donner lieu à des situations pénibles ou cocasses : des djihadistes idiots repérés grâce à la géolocalisation de leur selfies, des stars dont des photos dénudées sont diffusées après avoir été stockées sur le cloud d’Apple, ou encore cet étudiant pris au piège en plein entretien d’embauche lors d’une caméra cachée réalisée par l’émission « On n’est plus des pigeons. »
Face à cette situation, on peut être tenter de dire « je m’en fiche, je n’ai rien à cacher« . Mais comme le dit Snowden « prétendre que votre droit à une sphère privée n’est pas important parce que vous n’avez rien à cacher revient à dire que la liberté d’expression n’est pas essentielle car vous n’avez rien à dire. » Il n’y a pas non plus de raisons pour que des choix que nous avons dans le monde physique disparaissent lorsque nous sommes en ligne (exemple de la carte de fidélité : en magasin, j’ai le choix de donner ou non ma carte de fidélité et d’être tracé pour un achat.) Si vous n’êtes toujours pas convaincus, vous pouvez jeter un œil sur le site jenairienacacher.fr, qui propose un argumentaire plus détaillé.
La solution proposée par Genma ? L’hygiène numérique, c’est-à-dire les différents moyens permettant de mieux utiliser son ordinateur et de façon sécurisée. Genma nous a présenté des outils et des méthodes élémentaires, comme les règles à suivre pour créer des mots de passe, les logiciels bloqueurs de pub (comme ublock, à préférer à adblock qui négocie de plus en plus avec des régies publicitaires pour laisser passer certains messages), les moteurs de recherches plus respectueux de la vie privée (comme Qwant ou Duckduckgo), et tous les outils développés par Framasoft dans le cadre du programme « Dégoogglisons l’Internet« .
Nous avons également découvert des outils un peu plus pointus, comme cozycloud (un cloud open source qui peut être installé sur un serveur privé), KeePassX (un gestionnaire de mots de passe sophistiqué) ou le navigateur et le réseau Tor (qui permettent de naviguer de façon anonyme sur Internet).
Si vous voulez en savoir plus sur l’hygiène numérique, vous pouvez consulter le support de la présentation de Genma ci-dessous. Vous pouvez également jeter un œil sur ses autres présentations (effectuées notamment dans le cadre du festival Numok), sur le site de la communauté Café Vie privée ou sur ce billet de nos copains de doc@rennes.
En bonus :
Le sketchnote réalisé par Magalie Le Gall lors de la rencontre (cliquer pour agrandir !)